Bander mon arc-en-ciel, décocher une flèche
Pour percer ce silence posé comme une chape
Et fouetter les chevaux, enfourcher la calèche
Je m’envole vers toi d’un revers de ma cape
Prisonnier de cette île cernée de moutons blancs
Je t’envoie des bateaux tout envoilés de mots
Mais je vais lever l’encre et ne plus faire semblant
D’ignorer que de toi il me manque la peau
Par le chemin de fer qui lie sans crier gare
Nos âmes vagabondes, nos esprits volatiles
Je mordrais volontiers dans tes fruits du hasard
Qu’importe que demain s’en trouve versatile
Me botter l’arrière-train avec les mille lieues
Que je voudrais courir aux sillons de ta main
Le sablier écoule ses grains qui me font vieux
Jusqu’au petit matin de mon dernier demain
Pourtant je reste là accroché aux nuages
Ils passent en troupeaux à portée de mon toi
Pour abreuver ma peur j’ai construit une cage
Après j’ai bu la clef dans le puits aux émois.