Bon Dieu j’ai bu les côtes du Rhône
Jusqu’aux vignes d’Aix en Provence
Puis j’ai remonté la Garonne
De Bordeaux à Gaillac, je pense
En route j’ai dû me sustenter
De quelques têtes d’herbes folles
Et un genre de rosé des près
Quand tu le manges tu rigoles
J’ai posé ma soucoupe volante
Devant notre Dame de Paris
Tous les croyants et les croyantes
Ont cru Jésus sur le parvis
Je suis monté sur le balcon
Mater les tronches ahuries
Me repaître des blancs moutons
Qui ont vu en moi le messie
J’ai vu des bras tendus, des yeux
Suppliant ma puissance obscure
Et des bouts d’humain silencieux
Qui n’avaient même plus un murmure
Des puissants qui avaient des droits
Et exigeaient un paradis
Dans le cri muet des sans voix
Qui veulent la mort comme un répit
J’ai vu toutes mes légions dorées
Bien s’occuper de mon histoire
Se répandre dans le monde entier
Au nom de moi faire leur pouvoir
J’étais un riche propriétaire
Peut-être le plus riche du monde
Toutes mes valeurs immobilières
Se multipliaient chaque seconde
J’avais un champ de cathédrales
Souvent au sommet des collines
Des sanctuaires des abbatiales
De l’Angleterre jusqu’à la Chine
Je maîtrisais toute la planète
Et les barbus poseurs de bombes
Pauvres armées de marionnettes
Qui se pleurnichent sur ma tombe
Soudain une sirène stridule
Bien au-delà de mes remparts
Sur la table de nuit hulule
Le réveil de six heures et quart
Je descends version somnambule
Dans la cuisine faire le café
Mais il fait blême dans ma cellule
Bon sang je n’ai fait que rêver !
Mais dans ce rêve j’étais Jésus
J’étais pas Robert l’anonyme
J’avais des pouvoirs des vertus
J’étais un fantôme légitime
une envie de vaisseau spatial
Vers la vallée du Beaujolais
Un voyage intersidéral
Fuir le néant, nier le laid
je suis monté dans ma voiture
Le périph pour aller bosser
C’est pas de la littérature
Je suis Robert ça c’est concret !
Robert de Hurlevent.