Une nuit que le doute était à mon chevet
J’ai saisi le tarot d’une main désuète
En étalant les lames dans les plis du duvet
J’étais un vieux gamin qui partait à la fête
A cheval sur le vide comme un équilibriste
Tu te prends par la main tu es ton Bateleur
Un étrange voyageur aux reflets futuristes
Et la pendule de Toi va se remettre à l’heure
Des escaliers sans fin s’écrasent dans la nuit
Vers les gouffres insondables de ta forteresse
Plonge dans tes ténèbres et vois le temps qui fuit
Décolle ton oreille, écoute la Papesse
Avec l’Impératrice gorge-toi du soleil
Qui arrose de lumière le champ de tes possibles
Tes idées sont des fleurs dans leur simple appareil
Et c’est Toi qui choisis de les rendre visibles
C’est là que l’autre sexe fait son apparition
Comme une épée plantée sur le devant d’un trône
Ivre de guerres farouches et de pénétrations
L’Empereur est serein, il est sage et il prône
Ta bonne étoile est là et sourit dans le noir
De te voir patauger dans tes bribes de vie
Elle aime tes folies elle vit de tes espoirs
Le Pape sans religion est ton plus haut Ami
L’Amoureux est dilemme mais il n’est pas amour
C’est l’époque des choix et des hésitations
Des pourquoi incertains, les contres et les pour
Mais il est difficile de prendre une décision
Enfin voila la route qui t’offre son asphalte
Debout sur ton Chariot tu cingles tes chevaux
Le clair et le foncé unis sans une halte
Tu traces résolu ton chemin vers le haut
C’est seul face à Toi-même que l’étape suivante
Te renvoie le miroir de tes actions passées
Mais tu n’as rien à craindre la Justice imminente
Si Elle est avec Toi est ta meilleure alliée
Ton pas est mesuré et empreint de lenteur
Presque méditatif conscient de chaque chose
La sagesse de l’Hermite te gagne en profondeur
Où pour te libérer, des certitudes explosent
Te voila confronté à la Roue de Fortune
Dans le Grand Mouvement, vis le moment présent
Tu verras que la chance est souvent opportune
Tant que tu restes ouvert à tous les changements
Alors c’est la maîtrise et la domination
De tes peurs et faiblesses, de tes ombres et démons
La Force roule en Toi des flots de conviction
Tu crois ce que tu vaux sans une hésitation
Voir le monde à l’envers c’est remettre en question
Ce à quoi tu croyais, changer de point de vue
Porter aux autres angles une nouvelle attention
S’arrêter un moment et être le Pendu…
Il ressemble à la mort le squelette à la faux
Il est nommé Sans Nom et il est inquiétant
Pourtant il est symbole d’un horizon nouveau
Après les sacrifices de tes pires faux-semblants
Le calme est revenu tu es maintenant serein
Heureux, en harmonie, retour à l’équilibre
La Tempérance est douce et t’offre le dessein
D’une régénérescence vers un avenir libre
Il faudra cependant que tu te débarrasses
Du Diable qui en Toi peut tirer des ficelles
Et jeter des tessons au fond de tes crevasses
Te regarder sombrer avec un œil cruel
Une lame terrible annonce la prudence
Lourde de conséquence et de sourde menace
Tu te sens désarmé, vulnérable, et tu penses
Que c’est la Maison Dieu qui s’écroule et trépasse
Cette leçon n’est pas vaine, rien n’arrive pour rien
Quand tout s’est écroulé tu perds la peur de perdre
L’étoile est dans ton ciel et brille d’un petit lien
Comme un clin de lumière au centre d’un polyèdre
Méfie-Toi de la Lune et de ses mondes flous
Elle sème la confusion, son éclat est blafard
Mais révèle le sournois qui rode autour de nous
Derrière les apparences quand le jour se fait tard
Accepte la chaleur qui vient baigner ton Être
Vois ton monde qui s’allume de rayons exaltants
Le Soleil est puissant au-delà des fenêtres
Par lesquelles tu avais des visions de néant
Surveille tes missives, relève tes boites aux lettres
Car tu vas y trouver d’agréables surprises
Ce genre de nouvelles qui rendent les peut-être
Le Jugement les tend comme des friandises
C’est l’accomplissement, le terme du voyage
Avec la plénitude qui s’installe pour longtemps
Le Monde t’appartient pour en faire le partage
Et la voie de ta vie se défait des tourments
Le Mat est fascinant il est ton inconnu
Éternel voyageur on le croise rarement
Si tu as cette chance comme une main tendue
Ne te détourne pas et suis-le en chantant.
Renaud de Hurlevent.