Bavant sur ce papier, je hurle, je m’exorcise
Mon stylo est en croix, mon crucifix en ail
Pour arracher ton pieu, toi qui me vampirises
Que faut-il que je fasse pour casser notre bail ?
J’éructe de douleurs en vomissant les rocs
Que tu viens de jeter dans mon ventre à l’envers
Et ta flèche de silence plantée comme un estoc
Dans ce tas de souffrance qui fait chialer mes vers
Je gerbe enfin mon vin sur ce con de vélin
Des fleurs de sang, putain, des clématites
Rigolant dans la marge de ce pauvre quatrain
Mais délivrées enfin de leurs feuilles trop petites
Je vais prendre une poignée de temps déshydraté
Et je vais l’immerger dans un lac d’eau de vie
S’il est vrai que le vide ne se comble jamais
Je titube debout mais au moins j’ai compris
Il y a des champs de fleurs à portée de mes pas
Et les jours couleront comme du chloroforme
Je reprendrai ma route à la force des bras
Vers ces autres horizons que mes larmes déforment…