Ce poème depuis ma cellule
Je vous l’envoie par libellule
C’est ma seule et dernière amie
Renvoyez-la lecture finie
Je voudrais par ces quelques mots
Vous raconter ma drôle de vie
De l’autre côté des barreaux
Dans cet univers si petit
D’abord la course du soleil
Qui se dessine en pointillé
Avec les odeurs, les abeilles
Chaque saison est un billet
Debout seul devant la fenêtre
Je passe des heures à regarder
La vie la rue les chiens les êtres
Puis la nuit tombe tout manger
Une heure par jour c’est la récré
Bouffée d’air frais et amitiés
Parler bouger et puis parler
Oublier ça, faire des projets
Le mardi soir c’est le parloir
Des gens normaux et de l’avoir
Mais personne vient jamais me voir
Je suis la honte de leurs espoirs
Cette violence sourde et larvée
Que je ressens à chaque moment
Elle me hérisse, dresse mes pensées
Sur le qui-vive à chaque instant
Tous les deux jours c’est la douche
Et la notre est très réputée
Tu as un trou tu te le bouches
Et tu oublies tes vérités
J’ai de la chance mon cul est moche
Ou des yeux méchants ça y fait
Mais personne n’a tenté d’approche
Pour déflorer ma dignité
Quand il faut gagner des euros
Je fais de tout petits boulots
Pas de risque qu’on s’améliore trop
Ca pourrait être fait par un veau
En vrai je ne veux pas me plaindre
J’ai mérité d’être ici bas
Ça sert pas à grand chose de geindre
Ça m’évadera pas de tout ça
Alors je termine mon poème
Sur une note très optimiste
Les matons, véritables crèmes
Ont fait que mon PC existe…
Renaud de Hurlevent.