Valoche
Plus je vieillis, plus tu maigris
Ton cuir est dur d’instants tannés
Tes boucles d’or nuancent le gris
De tes couleurs un peu fanées
Mais tu n’es jamais bien trop loin
Ta poignée à portée de main
Tapie dans l’ombre de mes coins
Usée complice de mon humain
Dans le filet des trains de nuit
A l’époque des compartiments
Des rideaux fermés vers minuit
Des alcôves avec des amants
Sur les tarmacs en fusion
Au judas des hôtels borgnes
Dans les peines, les effusions
D’ici ou de Catalogne
Valoche mon amie
Les livres de ton ventre
Sont les origamis
Des ondes de mon centre
Quelques blocs et poèmes
Des photos en papier
Les graines que je sème
Sous les pas de mes pieds
Valoche ma copine
J’ai tant changé de toi
Bleu nuit ou mandarine
Jamais ne t’apitoies
Valoche ma jolie
Il reste des chemins
Des femmes avec des lits
Des routes avec des mains
Renaud de Hurlevent.