Renaud de Hurlevent

Victoire sur moi

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Victoire sur moi

Il y avait la nuit qui fuyait sur les cimes
Ignorant ses écharpes sur le col des abîmes
Un soleil encore loin aux orangés timides
Déshabillait Vénus et ses astéroïdes

Le fond de la vallée clochetait dans la brume
Je sautais des cailloux, escaladais des grumes
Quand je me suis assis sur ce banc de brouillard
J’ai compris que j’étais dans le colin-maillard

Alors je t’ai vue rire dans un trou de mémoire
Tu te moquais de moi, de mes petits déboires
Mes cernes et mon visage marqués par la fatigue
Les débauches passées sur ma tronche de figue

C’est un sursaut d’orgueil qui m’a fait sursauter
Je m’étais assoupi dans un rêve bleuté
Où l’amour de ma vie semblait mettre au défi
Ma force de franchir les démons, en faire fi

Le soleil goguenard cramait dans le ciel pur
Je crachais mes poumons, j’éructais sous l’azur
Quand j’ai vu le sommet j’avoue que j’ai bandé
L’arc de mes souffrances et même j’ai scandé

Que les victoires sur soi demeurent les plus belles
La mienne était petite mais fait partie de celles
Que je garde en pépite dans mon coffre secret
Je n’en ai pas beaucoup car elles me sont sacrées

Renaud de Hurlevent.

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